Cette nuit là, la troupe des Drows s'apprêtait à monter leur campement quand soudain ils entendirent des cris et des bruits d'armes s'entrechoquant. Les Drows se dirigèrent alors vers l'endroit d'où provenait le tumulte et ils parvinrent à une clairière où un spectacle surprenant les attendait. En effet, deux morts-vivants s'y livraient une féroce bataille, une scène plutôt rare puisque généralement les morts-vivants combattent uniquement les vivants pour se nourrir de leur essence vitale.
Amusés par ce curieux spectacle, les Drows commencèrent à prendre les paris. Lequel des deux morts succomberait le premier ?
Beaucoup parièrent sur le plus gros des deux, un tas de chaire en décomposition qui se battait avec une énorme massue, fracassant le sol à chacune de ces attaques manquées.
Les autres parièrent sur le mort-vivant plus petit mais plus agile aussi. Sale, hisurte et crasseux, sous une armure à demi rouillée, il était armé d'une longue épée émoussée et d'un bouclier avec lequel il esquivait les attaques de la brute et lui enfonçait sa lame de part et d'autre. Mais bien qu'il se battait avec une rage incroyable, la force de la brute semblait l'emporter.
Bientôt, le plus petit fut à terre, et le gros s'apprêtait à l'écrabouiller sous son énorme massue quand soudain une flèche siffla et lui transperça un oeil.
"Je déteste perdre mes paris..." s’excusa, narquois, Tcherno devant sa troupe.
La brute hurla et l'autre mort-vivant en profita pour se relever et lui trancher net la tête. Mais le gros tas de chair en décomposition bougeait toujours et l'autre mort-vivant continua à le taillader furieusement en poussant des hurlements qui firent frémir les Drows.
C'est alors que Tcherno remarqua l'étrange uniforme que portait le mort-vivant. Il avait jadis était blanc sous la crasse qui le recouvrait et il semblait que les insignes en avaient été déchirés et les médailles arrachées. Pourtant Tcherno n'eut pas de mal à reconnaître l'uniforme des Gardiens.
Curieux, le Drow s'approcha du mort-vivant toujours affairé à taillader le cadavre.
Brusquement, le mort-vivant se retourna alors et plongea son regard dans celui de Tcherno qui fut alors tétanisé.
Zoul.
Zoul, le Grand Inquisiteur des Gardiens, son grand ennemi.
Derrière cet aspect cadavérique, sous ses cheveux gris et poussiéreux, c'était bien le regard mauvais de Zoul qui le fixait.
Ce dernier poussa un crie de rage et fonça sur le Drow, qui ne réagissait pas, toujours abasourdi par la vision d'un Zoul mort-vivant.
Zoul leva son épée et s'apprêta à frapper quand un "DoOOong" retentit et il s'écroula au sol.
Tcherno reprit alors ses esprits et vit Argowal qui nettoyait sa pelle.
"Ce Zoul est bien vivant, maugréa-t-elle, son sang a dégueulassé ma pelle !".
En effet, au sol, le veil humain avait le nez en sang et grognait des injures.
De tout les sentiments qui naquirent de cette vision d'une telle déchéance, ce fut la pitié qui l'emporta chez Tcherno.
Zoul, jadis grand défenseur de la Lumière et sage parmi les sages, s'était laissé peu à peu corrompre par sa propre haine du Fléau.
Sans scrupules, il avait manipulé telles des marionnettes des gens qui croyaient en lui et s'était rendu coupable des pires fourberies imaginables.
Maintenant que les siens l'avaient rejetés, Zoul errait seul sur le Lordnor, toujours désireux d'assouvir sa haine des mort-vivants.
Mais son corps semblait pourrir à vue d'oeil et Zoul avait pris l'aspect de ce qu'il avait toujours combattu.
"Laissons-le, dit Tcherno, il ne mérite même pas la mort."
Et les Drows s'en furent, laissant le vieil humain gisant au sol.
Sujet: Zoul 
