La chute des Gardiens

La nuit tombait sur les ruines encore fumantes de la Citadelle Blanche.
Tandis que les troupes Hordiques courraient déjà rejoindre le front à l'Ouest et que les Mort-vivants commençaient l'édification d'une nouvelle Nécropole, la troupe des Drows marchait calmement parmi les cadavres, savourant cette victoire éclatante.
Seul vestige de la puissance des Gardiens, la lourde porte de la Source restait encore debout.

Tcherno esquissa un sourire à la vue d'un bataillon de Mort-vivants qui tentait vainement d'enfoncer cette porte.
Les plus grands mages ne parviendraient pas à détruire les sortilèges gravés dans la porte et, si même ils y parvenaient, ils n'aboutiraient à rien sauf à la plus grande farce du Lordnor !
Car si la Source avait peut être existé dans des temps anciens, elle n'avait jamais pu être retrouvée après la destruction du monde.
Tcherno l'avait appris comme tout Premier Gardien à son sacrement : la Source n'était qu'un grand coup de bluff !

Alors qu'il était plongé dans ses pensées, il vit soudain Argowal à ses côtés tirer sa lance et s'apprêter à charger.
En effet, un Gardien en haillon, désarmé et ensanglanté, se traînait vers la troupe des Drows.
Tcherno lu dans le regard de cet humain une souffrance intense mais il y discerna aussi une lueur d'espoir.
Que cherchait-il à part la mort en se livrant aux Drows ?
Tcherno compris alors quand le Gardien tendit une main vers lui en murmurant faiblement "Sauvez-moi !".
L'humain avait reconnu l'ancien Premier Gardien et voyait en lui sa seule chance de survie.

Tcherno parut alors empli de compassion et de pitié pour ce pauvre être et s'avança vers lui pour lui porter assistance.
La lueur d'espoir grandit dans les yeux de l'humain et celui ci se jeta aux pieds du Drow en le priant encore de le sauver.
Le Drow lui fit relever la tête et lui adressa un sourire amical, le Gardien n'avait rien à craindre de son ancien maître.
La joie et l'extase firent fondre l'humain en sanglot, il était enfin sortit de cet enfer !
C'est le moment que choisi Tcherno pour l'envoyer valser au loin d'un coup de botte dans la tempe.
L'humain, encore sonné, n'eut pas le temps d'esquiver la lame qui s'enfonça dans son ventre.
Ses hurlement déchirèrent la nuit quand Tcherno tourna et retourna encore son épée.
Les Drows savaient faire monter la douleur à son paroxysme.

Tcherno pris le soin d'essuyer sa lame dans les haillons du Gardien agonisant avant de le laisser à la merci des goules affamées.
"Pourquoi ?" parvint à murmurer l'humain alors qu'une goule commençait déjà à lui dévorer la jambe.
"Les Gardiens ne sont plus !" répondit Tcherno.
Le sourire narquois du Drow fut la dernière vision du Gardien.

Cette guerre devenait terriblement lassante.
Même égorger un Gardien ne procurait plus vraiment de jouissance, ceux ci se laissaient tuer comme du gibier d'élevage.
Certes il restait ces petits plaisirs comme la torture ou le viol mais les femmes se faisaient rares sur le champ de bataille et arracher des yeux à la petite cuillère devenait vite ennuyeux.
A quoi bon rester sur cet immense cimetierre où l'on ne prenait même plus la peine de déblayer les cadavres avant de reconstruire son chateau dessus?
Il était temps de partir vers d'autres horizons.
Tcherno était tout de même déçu : il n'avait pas réussi à dépasser le score d'Argowal, ils repartaient chacun avec deux victoire sur Zoul.
Par deux fois ils avaient chacun laissé le veil humain agonisant au sol.
Ca restait cependant un score honnorable, d'autant plus que la chasse au Zoul était un sport très prisé et qu'il comptait de nombreux adeptes.

Avant de quitter le conflit, les Drows tinrent quand même à remercier leurs adversaires pour toutes ces richesses accumulées.
Dans la nuit précédant leur départ, ils se glissèrent discretement jusqu'à la Source, cette prétendue fontaine de vie cloitrée derrière de lourdes portes.
Là, faisant appel à toute leur magie, ils édifièrent en quelques heures une réplique exacte de l'ancienne Citadelle Blanche, à un détail près : celle ci était aussi noire que l'ébène.
Si sombre que l'Alliance ne l'a vit qu'au petit matin, cette sombre forteresse qui défiait tout être marchant dans la Lumière.